lundi 7 décembre 2009

ça blogue ou non?

voilà....ce que je redoutais est finalement arrivé. Le blog en déserrance.Le blog qui s'oublie. Le blog qui perd de son utilité. La courbe des visiteurs qui reste stable mais uniquement pour les archives...forcément. C'est terrible comme tenir un blog dans son pays semble tout d'un coup complétement inutile. Pourquoi donc? Parce que ce qu'on pourrait y dire ne serait qu'un plat bavardage égocentrique. Serait-ce à dire que de retour dans son pays on en devient égocentrique??C'est la question qui tout d'un coup m'interroge. Faisons-en une petite analyse.
Que raconte-t-on sur un blogue à l'étranger? Le monde des autres que l'on découvre, dans lequel nous essayons de rentrer. Raconter ce monde à ceux qui ne le connaissent pas, c'est essayer de le comprendre et donc mieux le comprendre. C'est faire l'inventaire des difficultés et des différences pour voir qu'elles ne sont pas insurmontables. On le fait avec humour souvent, on s'en détache. Le problème quand on rentre dans notre pays, c'est qu'on arrive plus au bout d'un moment à prendre du recul sur ce monde que l'on connaît depuis longtemps, auquel tant et tant de représentations lui sont associées. Les représentations sociales, qu'on les appelle. Ce sont autant de savoirs communs, qu'on nous inculque dès le plus jeune âge, autant d'images aussi que l'on accole à tel ou tel mot...ces représentations, elles viennent se coller à ce que notre oeil voit, elles viennent se poser comme un filtre sur l'image brute, avant même que cette image brute, neutre, arrive au cerveau, ce dernier l'a analysée et nous la transmet travestie. De retour chez nous, on n'a plus la liberté de voir la réalité telle qu'elle est. Dans un pays qui nous est inconnu, nos repères sont plus flous, on arrive sur une terre inconnue, avec souvent peu de représentations, ou du moins c'est ce que je souhaite à tous les voyageurs. Voyager et poser un regard complétement neutre sur ce que l'on voit, et l'on sera émerveillé, surpris, chamboulé,marqué à vie par tant d'images. c'est pouvoir juger de l'esthétique pure d'un lieu sans y voir des connotations. Ce travail de regard ne se fait pas naturellement, mais une fois acquis, c'est un vrai bonheur.J'ai tenté de l'appliquer de retour en France, mais mes représentations m'ont rattrapée. Il faut dire aussi que c'est l'apanage de l'habitude qui s'installe...après 2 ans dans un même quartier de Beijing, le regard se ternit un peu, mais il y a toujours des éléments qui relancent la découverte...Tout vient de notre attitude. Ouvrir les yeux. S'ouvrir au monde. Renouveler son regard. Finalement on peut le faire n'importe où. Que cela soit en France ou en Chine. Le travail est peut-être plus laborieux en France, car il faut se défaire de plus de filtres, et aussi parce que le regard des autres sur notre regard a les mêmes filtres. Je regarde un monde, que les autres regardent, à travers leur propre filtre, mais qu'il compare à mon regard. Reprenons l'exemple de la Chine: un étranger en Chine restera un étranger.Il porte un regard bizarre sur la Chine, c'est normal, il est étranger. On l'accepte comme ça. Un Français porte un regard qui n'a pas le même filtre que les autres français. C'est étrange. Il doit être à moitié Coréen.
Renouveler son regard ça peut être juste tourner la tête de 10 degrés vers la droite. Ce chemin que l'on fait tous les jours la tête baissée, il suffit de le faire en levant les yeux vers le haut des bâtiments. On découvrira des faîtes, des rebords de fenêtres, des vols d'oiseaux. Et accessoirement on se prendra le poteau du feu rouge, ça nous fera rire.
Alors certes j'ai moins de choses à dire sur ce pays qu'est la France par peur des redites, par peur du jugement, c'est vrai, car juger son pays c'est moins facile que juger un pays étranger. Prendre du recul. Moins de choses à dire aussi sur une culture si familière, des fêtes que l'on célèbre sans en connaître le sens, et certainement pas l'envie d'étaler ma vie sur un blog qui dans le temps a fait voyager ses lecteurs.
Mais ce n'est que partie remise, car la vie ne manque pas de nouveaux départs.
 
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