vendredi 10 octobre 2008

de NaeSo sa à Jeonju-1er octobre 2008


Arrivée à l'entrée du temple de Naesosa, je dépose mon sac à l'accueil du parc national et je regarde un peu les horaires des prochains bus: il faut que je me rapproche de Ma I San, la destination initiale de mon voyage dans la région, puis j'achète mon ticket d'entrée. Une allée d'arbres mène au temple, il est à peu près 9h30 du matin, les touristes et les promeneurs ne sont pas encore arrivés, les graviers du sentier crissent doucement sous mes pas. Devant moi un étudiant se promène aussi. Le temple dans sa structure ressemble à n'importe quel temple coréen: un porche d'entrée avec les 4 déités protectrices, le bâtiment administratif, le magasin de souvenirs, le bâtiment pour écrire les voeux sur les tuiles et poser des bougies et de l'encens, les bâtiments de prières avec les statues des bouddhas, les toilettes et enfin les quartiers des moines, le tout en harmonie parfaite avec le relief et l'horizon que forment les montagnes. Le faite des toits s'allongent à la perfection le long des arêtes montagneuses en arrière plan, les couleurs elles-mêmes se fondent dans les douces nuances du paysage. C'est ce que j'apprécie le plus dans les constructions traditionnelles coréennes: c'est cette modestie dans l'architecture, dans les matériaux et les couleurs utilisées. Le temple de Nae so sa semble encore plus modeste que les autres, les couleurs dominantes sont les gris et les blancs.


Je me désaltère à la fontaine du temple et entame avec entrain l'ascension des sommets. Il faut dire ici que je n'ai rien avalé de la matinée, pensant trouver de quoi me restaurer en haut, comme dans beaucoup de montagnes coréennes. Le relief coréen est peu élevé mais très escarpé, les sentiers grimpent très vite, il n'y a pas vraiment de cols ni de vallées à proprement parlé, c'est une succession de petits sommets secs, plantés de pins tortueux et de quelques bambous nains, parcourus en vitesse par des écureuils curieux et des merles impatients. Quand je vivais à Séoul, il faut croire que mes rares expéditions dans les montagnes de la banlieue et dans le centre ville entretenaient mon endurance....Pékin quant à elle est une plaine...c'est donc avec peine que j'ai atteint le premier point de vue sur le temple en contrebas.


Pendant cette halte, l'étudiant m'a rattrapée. À mon grand étonnement, il me demande où je vais. « vers les cascades, je pense ». « tu voyages seule? Tu dois t'ennuyer! Moi aussi je vais aux cascades,allons-y ensemble! ». on part donc en papotant le long des sentiers, et l'ascension se fait moins difficile. Et surtout, quand je lui dis que je n'ai rien mangé, il me promet de me donner un bout de la viennoiserie qu'il a dans son sac quand on fera une halte. Je ne le lâche plus d'une semelle.^-^ mon compagnon de fortune a fuit pour quelques jours Séoul, trop stressé par ses études, il a choisi au hasard cette destination. La nuit il a dormi dans un sauna, comme le font beaucoup de jeunes coréens pour économiser une nuit à l'hôtel ou bien une course en taxi tardive pour revenir chez eux. Arrivés aux cascades, il est très déçu, moi un peu moins, car les cascades sont asséchées. Le sud de la Corée a connu une année très sèche. Lui apparemment c'était là qu'il voulait s'arrêter pour la journée. On a partagé ce pain tant attendu, et je le décide à monter plus haut, vers un autre temple, à quelques 3 ou 4 kilomètres de là. Nous arrivons plus morts que vifs dans ce temple après 1heure et demie environ de sentiers serpentant dans les montagnes. Lui aussi commence à avoir faim, et nous finissons la dernière goutte de notre eau...heureusement tout temple a sa source, mais point de nouilles instantanées à vendre...je lorgne avec désespoir la pomme qu'est en train d'éplucher la demoiselle qui aide au temple, les casseroles qui fument, et les kakis qui murissent doucement au soleil. Pas moyen, Bouddha n'a aucune pitié pour mon ventre qui crie famine. Mon ami me propose un sachet de thé au Ginseng, qu'il avale sans eau « ça donne quand même de l'énergie ». je pense qu'on pourrait bien s'en sortir tous les deux sur une île déserte, on est plein de ressources...bon; faut penser à descendre maintenant, en quittant le temple, le moine- ou l'apprenti moine- nous interpelle: « vous partez déjà? Vous ne m'avez même pas demandé de vous raconter les histoires intéressantes sur ce temple! »nous: « ah oui? Quelles sont ces histoires? »lui: « moi non plus je ne sais pas »....plus tard, mon ami étudiant me dira qu'il y avait là sûrement un message plein de sagesse, du genre: chercher les choses cachées, etc. je lui apprends à descendre de façon ludique les montagnes, c'est-à-dire en courant, quand le terrain nous le permet. Quand on ne dégringole plus les sommets et que l'on retrouve une allure normale pour souffler, j'entends un faisan. Je dis « ah! Un faisan!(comme je sais pas le nom en Coréen; je dis 'l'oiseau le plus bête qui fait kuaaa', il comprend) on peut le manger!! ».


l'instinct de survie est merveilleux, je repère aussi des champignons, des noisettes, enfin toute sorte de choses comestibles. Les guibolles flageolantes et le ventre creusé, les deux drôles arrivent devant les restaurants de l'entrée du parc national. C'était ça aussi qui nous a fait descendre plus vite. À 4 heures de l'après-midi, nous dégustons un succulent délectant San Che Bibimpap (un bibim pap avec des légumes de la montagne), arrosé de l'alcool de riz Dong Dongju. Quel bonheur!
Persuadée d'avoir lu qu'il y avait un bus qui partait à 5h 30 pour une ville importante où il pourra prendre un bus pour Séoul et moi un bus pour Ma I san, nous patientons une bonne heure sous la treille, à se faire bouffer les jambes, les bras et le visage par les affreux moustiques de la montagne (c'est les plus coriaces, j'ai encore les marques...) et à grignoter du riz cramé séché et un peu périmé. Arrivé 5h30, point de bus, il rit jaune, mais me pardonne. On se rend dans une petite ville, où il prend en vitesse le dernier bus pour Séoul et moi le bus pour la grande ville importante (Jeonju). On se croise tout juste entre deux bus pour se dire Salut, et puis voilà. Un ami d'un jour, car on n'a pas eu l'idée de s'échanger nos mails ou autre. J'arrive à Jeonju la nuit tombée, près du terminal de bus je choisis un hôtel au hasard, c'est pas ce qu'il manque, mais j'essaie de prendre celui qui a l'air le moins glauque: le bien nommé Adam and Son (j'avais lu Adam and Eve, mais je m'étais trompée). Décor de château en carton pâte, de quoi faire des rêves de princesse. Demain Ma I san!!!

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